Page:Quinet - Œuvres complètes, Tome VIII, 1858.djvu/325

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Ange.

Es-tu prête, Babylone ? Ou faut-il descendre pour frapper à ta fenêtre ? Babylone.

Mon songe était si beau ! Ma licorne, mon lion couronné et mon sphinx, pourquoi parlez-vous si haut sur ma terrasse ?



Le Sphinx.

Ce n’est pas moi qui ai parlé.



La Licorne.

Ni moi non plus.



Le Lion.

Ni moi.



Babylone.

Quelle heure est-il ?



L’Ange.

La dernière heure du monde.



Babylone.

Si tu veux que je te croie, viens t’asseoir à mon chevet.



L’Ange.

M’y voilà ! Me connais-tu ?



Babylone, à l’ange.

Oh ! Oui, tu es si beau ! Tes ailes se sont tant de fois baignées pendant la nuit dans mes sources de naphte ! Comme la sueur coule de ton front ! Viens, je l’essuierai de ma main, et je te donnerai mon vin dans ma coupe d’Alexandre. Laisse sur mon lit ton épée qui te fatigue. Tu es si jeune ! Reste avec moi.

Je t’aime, je fermerai ma porte ; personne ne te verra ; tu auras mes bracelets et mes fioles de parfums. Tu auras tous mes baisers ; tu boiras goutte à goutte les larmes de mes yeux ; et j’étendrai mon rideau sur ton sommeil pendant qu