Page:Quinet - Œuvres complètes, Tome VIII, 1858.djvu/327

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Et notre hôte, quel est-il ?



L’Ange.

Lève-toi sur ton séant, tu le verras sur sa porte.

(il se tourne du côté de l’occident.) et toi aussi, ville du soir, qui te caches la tête dans la brume, entends-moi.



Paris.

Où trouver à présent mon toit d’osier et de houx et de ramée que m’avait fait, contre les flèches et les dards, en filant mes langes de roi, Geneviève, la bergère, tout habillée d’aube et de rosée, sur ma montagne plantureuse ? Pas un bûcheron pour me montrer la pierre où je me suis assis tant de siècles. C’était là sur cette plage de craie. Mes passions l’ont rongée comme la mer ronge ses dunes ; mes flots n’y ont jeté ni coquilles ni algues. Tantôt j’y retrouve le bec de bronze de mon aigle qui s’est noyé dans ma tempête, tantôt un sabre de soldat à la poignée de cuivre, tantôt une couronne d’or, tantôt une bague d’amour. Autour de moi, je ne vois, pour me secourir, qu’un oiseau des fées couleur du temps, qui baigne ses ailes, avant de partir, dans le flot que j’ai tari en y lavant chaque jour les arches de mes ponts, les câbles de mes bateaux, et l’ombre de ma cathédrale.



L’Oiseau des Fées.

N’est-ce pas vous, dites-moi, pauvre ville sans murailles, qui avez bâti autrefois, dans ce val aride, des tours si hautes à créneaux, pour que les petits oiseaux des fées de Normandie y viennent nicher sans crainte ? N’est-ce pas vous qui avez élevé, ici, dans ce bois feuillu, des arcs de triomphe et une colonne de bronze, pour que les sansonnets et les bergeronnettes s’y aillent reposer quand ils sont fatigués ? N’est-ce pas vous, dites-