Mob.
C’est trop modeste, mon cher. Et quoi encore ?
Ahasvérus.
Mon pardon.
Mob.
Je te le donne.
Ahasvérus.
Non pas de toi, mais de ton maître.
S’il te poursuit, je te cacherai dans mon ombre.
Ahasvérus.
Et mon âme, où la cacheras-tu ?
Mob.
âme, esprit, vie, amour, espérance, grands mots
que j’ai taillés moi-même, je te dis, comme mes
cinq grandes pyramides du désert, où je n’ai
fait entrer que trois grains de sable et un
banc pour m’asseoir.
Ahasvérus.
Tu me rends le fardeau que j’avais sur la poitrine.
Mob.
Jusqu’au dernier jour, continueras-tu à te prendre
au sérieux ? La vie n’est pas possible avec ces
folles rêveries. Tu as encore une minute, et il
n’y a que le positif qui dure.
Ahasvérus.
Ce que tu appelles le positif, est-ce ce que je
vois de mes yeux ?
Mob.
Sans doute.
Ahasvérus.
Mais regarde ; le soleil pâlit, l’océan se retire,
la forêt se dessèche ; ils ne seront plus ce soir.