Page:Réflexions sur la révolution de France.pdf/155

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tourées de crânes suspendus, leurs captifs, à l’infortune desquels les railleries et les insultes de femmes aussi féroces qu’eux-mêmes, ajoutaient encore, plutôt qu’à la pompe triomphale d’une nation guerrière et civilisée ..... si une nation civilisée, ou aucun homme ayant quelque idée de générosité, peut se faire un triomphe de l’accablement et de la douleur.

Ce n’était pas là, mon cher Monsieur, un triomphe pour la France. J’ai besoin de croire que, comme nation, vous en avez tous été accablés de honte et d’horreur ; j’ai besoin de croire que votre Assemblée Nationale s’est trouvée dans le plus grand degré d’humiliation, en voyant qu’elle n’était pas capable de punir les fauteurs ou les acteurs de ce triomphe, et que, même dans toutes les recherches qu’elle fit faire à ce sujet, elle dut être privée de l’apparence de la liberté ou de l’impartialité. La justification de l’Assemblée est dans sa situation ; mais lorsque nous approuvons ce que les autres sont forcés de supporter, cela devient en nous le choix dégénéré d’un esprit vicieux.

Avec une apparence forcée de délibération, votre Assemblée vote sous la domination d’une nécessité cruelle : elle siége comme qui dirait dans le sein d’une république étrangère ; elle a sa résidence dans une ville dont la constitution n’est émanée ni d’aucune charte du roi, ni d’aucun pouvoir législatif ; elle est environnée d’une armée, qui n’a été levée ni par l’autorité du roi, ni par son ordre, et qui, s’ils la voulaient dissoudre, les dissoudrait eux-mêmes à l’instant : elle siége, après qu’une bande de sicaires a forcé de sortir