Page:Réflexions sur la révolution de France.pdf/319

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sait un grand nombre d’individus à la tranquillité de l’État, pourra vraisemblablement, par ses excès, de-

    taires avaient acquis et possédaient de bonne foi, à titre de dot, d’achat ou d’héritage : il chercha donc un expédient ; il crut qu’il fallait laisser jouir les uns et dédommager les autres..... Ayant rassemblé les quinze principaux citoyens, ils examinèrent ensemble la situation et de ceux qui possédaient et de ceux qui avaient été dépouillés ; après une exacte evaluation, ces sages conseils déterminèrent, par la persuasion, les uns à renoncer à leurs possessions, et à recevoir de l’argent, les autres à accepter une juste indemnité, et à renoncer à leurs anciens titres de propriété. Par ce moyen, il contenta tout le monde, et empêcha que personne ne se plaignit..... Voilà comme il faut agir avec des citoyens, et non établir des encans, comme nous l’avons vu deux fois, et vendre les biens des citoyens à la criée » !

    Tels étaient les principes d’un des premiers moralistes de l’antiquité, qui fut tout à la fois grand orateur, général et homme d’État. Dans ces dernières années, un de nos généraux, tout à la fois aussi guerrier et homme d’État, avait essayé de faire mettre en pratique ces principes de l’éternelle justice ; le premier administrateur d’un Ordre qui a l’honneur pour devise, avait senti que l’honneur ne permet pas de laisser à la mendicité les victimes d’une tyrannie de vingt-cinq ans. Sans vouloir déposséder les acquéreurs de domaines nationaux, il voulait que l’État donnât du pain aux anciens propriétaires : il voulait que l’État créât des rentes perpétuelles destinées à la subsistance des familles dont l’État avait recueilli les dépouilles. Oui, Macdonald avait retrouvé l’expédient du sage Aratus, le moyen de contenter les un sans mécontenter les autres ! Mais on ne l’écouta point : les dépouillés restèrent sans pain, les acquéreurs ne furent point rassurés, et le 20 mars 1815 arriva à la grande satisfaction des derniers qui craignaient d’être dépouillés à leur tour, et au grand regret des premiers qui n’y pouvaient pourtant rien perdre, puisqu’ils n’ont rien, mais qui songeaient au roi et à la patrie. Hélas ! un capital de quelques millions consacrés à cette œuvre d’équité, nous aurait peut-être épargné des milliards !

    C’est à peu-près l’état où nous en sommes aujourd’hui, si toutesfois