Page:Réflexions sur la révolution de France.pdf/329

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côté dans leurs querelles[1]. La prudence serait neutre ; mais si au milieu de tous ces conflits, excités d’un côté par un fol attachement, et de l’autre par une antipathie féroce sur des choses qui par leur nature ne sont pas faites pour exciter tant de chaleur, homme prudent était obligé de faire un choix entre les erreurs et les excès de l’enthousiasme qu’il serait forcé de condamner ou de supporter ; peut-être croirait-il que l’enthousiasme qui bâtit, vaut mieux que celui qui démolit ; peut-être donnerait-il la préférence à celui qui embellit, sur celui qui défigure ; à celui qui dote, sur celui qui pille ; à celui qui peut s’égarer dans sa bienfaisance, sur celui qui ne respire que l’injustice ; à celui qui conduit les hommes à se refuser des plaisirs légitimes, sur celui qui leur arrache la faible subsistance qui suffit à leur désintéressement. Tel est à peu près, je crois, l’état de la question entre les anciens fondateurs de la superstition monastique, et la superstition des prétendus philosophes du jour.

Quant à présent, je mets à l’écart les considérations du profit public que l’on suppose devoir résulter de cette vente, quoique je voie très-distinctement qu’il

  1. Sans doute ce sont les folies rivales qui se font une guerre à mort ; mais que sert-il aux sages d’être restés neutres, s’ils sont, de toute nécessité, les ministres ou les victimes des vengeances du parti qui finit par avoir le dessus ? Solon voulait que tout citoyen prît parti dans une dissension civile.(Note de l’Éditeur.)