Page:Réflexions sur la révolution de France.pdf/409

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nous avons adoptés en Angleterre, vos chefs auraient pu exercer leurs talens à en imaginer de meilleurs. S’il était nécessaire de faire sentir, par un exemple, les conséquences d’un gouvernement exécutif tel que le vôtre dans la conduite des grandes affaires, je vous renverrais aux derniers rapports que M. de Montmorin a faits à l’Assemblée, et à toutes les autres démarches relatives aux différents survenus entre l’Angleterre et l’Espagne. Ce serait trop peu présumer de votre intelligence que de vous les indiquer.

J’entends dire que les personnes qu’on appelle ministres, ont déclaré l’intention de résigner leurs places ; je suis bien étonné qu’ils n’aient pas pris ce parti depuis long-temps : pour rien dans l’univers je ne serais resté dans une position semblable à celle où ils ont été depuis ces douze derniers mois. Je tiens pour sûr qu’ils désiraient vivement la révolution ; qu’il en soit ce qu’il voudra, il était impossible qu’étant placés sur une éminence, quoiqu’une éminence d’humiliation, ils ne fussent pas les premiers à apercevoir collectivement, et à sentir, chacun dans son département, les maux produits par cette révolution. À chaque pas qu’ils ont fait ou refusé de faire, ils ont dû sentir la dégradation progressive de leur propre patrie, et gémir de l’impossibilité où ils étaient de la servir. Ils étaient placés dans un genre de servitude en sous-ordre, dans laquelle jusqu’alors on n’avait vu aucun homme. Privés de la confiance de leur souverain, qui les avait pris malgré lui ; privés même de celle de l’Assemblée Nationale, qui les lui avait donnés par force, ils ont vu