Page:Réflexions sur la révolution de France.pdf/415

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placer vos juges sur le banc de l’indépendance, votre objet est de les réduire à l’obéissance la plus aveugle. Comme vous avez changé toutes choses, vous avez inventé de nouveaux principes d’ordre : vous commencez par établir des juges, qui, je le suppose, doivent juger d’après la loi ; et ensuite vous leur donnez à entendre que dans un temps on dans un autre ; vous vous proposez de leur donner des lois d’après lesquelles ils auront à se décider. Toutes leurs anciennes études (si toutefois ils en ont fait) leur seront inutiles. Mais pour suppléer à ces études, ils sont obligés de jurer d’obéir à tous les règlemens, à tous les ordres et à toutes les instructions qui leur seront donnés par l’Assemblée Nationale. S’ils s’y soumettent, la loi sera sans base pour son objet. Elles deviendront incomplètes et les instrumens les plus dangereux dans les mains du pouvoir, qui, au milieu d’une cause, ou de ce qu’elle laisse préjuger, pourra totalement changer la règle de la décision. Si ces ordres de l’Assemblée Nationale viennent à déplaire au peuple, qui choisit ses juges dans chaque localité, il en résultera une telle.. confusion, qu’il est affreux d’y penser. En effet, les juges sont redevables de leurs places à une autorité locale, et les commandemens auxquels ils jurent d’obéir, leur sont donnés par ceux qui n’ont aucune part à leur commission. Au surplus, ils auront pour se guider et pour s’encourager dans l’exercice de leurs fonctions, l’exemple du Châtelet.. Ce tribunal est chargé d’examiner les criminels qui lui sont envoyés par l’Assemblée Nationale, ou amenés devant