Page:Régnier - Escales en Méditerranée.djvu/101

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coupure. C’est propre et net comme une épure. Les deux murailles rocheuses, également inclinées, se prolongent, face à face, pareilles, comme les deux tranches d’un gâteau séparées au couteau. À un point, elles sont réunies, par une même ligne sombre. C’est le pont sur lequel passe le chemin de fer. Ce pont se détache sur la profonde pureté du ciel. On distingue nettement aussi, à la crête des parois parallèles, des fils d’herbe.

Lentement, prudemment, presque à la vitesse d’un cheval au pas, le yacht s’est engagé dans le canal ; il est étroit, juste la place d’un seul navire. À la moindre déviation de route la coque râclerait le rocher. L’hélice tourne au ralenti. L’uniformité des deux rives fait que l’on n’a pas l’impression d’avancer. Cependant, insensiblement, on voit se disjoindre les deux lignes droites qui, à une certaine distance, se confondent en une seule et, entre leur écart qui s’élargit graduellement, apparaître la sortie du canal qui n’est qu’un couloir d’eau et de pierre, sans autre intérêt que son utilité et sans autre caractère que sa monotonie.




Très loin, au sommet d’une haute roche tabulaire, posé comme une candide colombe,