Page:Régnier - Escales en Méditerranée.djvu/105

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fice ? De cette terre d’Attique d’où on les a exhumées sont-elles les vraies filles ? Elles ont je ne sais quoi d’étrangères. D’où sont-elles venues, ces étranges servantes d’Athèna ? Elles semblent d’une race antérieure et mystérieuse. Ce n’est pas la lumière de l’Hellade qui a pénétré et coloré leur chair vivante. Au lieu d’être debout dans la clarté grecque, ne devraient-elles pas être couchées dans quelque sarcophage de l’antique Égypte, parmi les aromates et les bandelettes ? Est-ce le mystère de leur origine qui leur fait ce sourire moqueur où leurs lèvres se relèvent ? Elles ont un air hypocrite et irrité de captives et d’esclaves. Les rites qu’on leur a fait observer n’étaient pas les leurs. Elles y ont obéi sans y consentir. La déesse qu’elles ont servie n’était pas leur déesse. Toute leur attitude dit la contrainte et il y a en elles un défi narquois et hautain à subir les regards des visiteurs que trouble leur secret.

Ah ! qu’elle est peu des vôtres et vous devez la haïr, la divine et pure Victoire qui, près de vous, d’un geste magnifique et soigneux, rattache la courroie de sa sandale ! Ô filles d’Orient, comme vous devez la haïr pour son immortelle et vivante beauté, pour sa souple et robuste aisance ! C’est elle qui vous a asservies au cortège d’Athéna et qui, de son