Page:Régnier - Escales en Méditerranée.djvu/114

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ne puis définir. Beaucoup sont simplement vulgaires et sales avec leurs longs cheveux crasseux et leurs barbes rudes. Deux d’entre eux sont désignés pour nous accompagner et nous faire les honneurs du couvent. L’un est un de ces jeunes moines d’expression mystique. Il est très grand, très maigre, une longue figure émaciée, aux yeux cernés, aux traits réguliers. Toute sa personne dégage une sorte de langueur féminine. Sa barbe est fine, sa chevelure descend sur ses épaules en boucles souples. Il a un air de simplicité hypocrite. Il est beau, mais d’une beauté inquiétante. L’autre est un franc luron. C’est un gros homme d’une soixantaine d’années, jovial, hilare et bon enfant. Il sait quelques mots de français et chaque fois qu’il en prononce un ses petits yeux vifs et bridés rient de plaisir. Il marche à grands pas et se retourne vers nous pour nous engager à le suivre à travers d’interminables corridors. Il ouvre des portes, nous fait monter et descendre des escaliers. Tout cela est, il faut le reconnaître, bien tenu et propre. Les salles sont vastes, aérées ; le réfectoire aligne ses tables. Chacun des moines a sa place marquée par une serviette grise soigneusement pliée. Il règne dans cette pièce une odeur vinaigrée. En passant devant une des cellules, notre conducteur nous y fait en-