Page:Régnier - Escales en Méditerranée.djvu/146

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gnants s’étalent au soleil. Tout cela n’a rien de bien appétissant et les visages n’ont pas des regards particulièrement bienveillants. Nous sommes dans un quartier où le fanatisme turc est encore vivace. Notre présence aux alentours de la mosquée ne semble pas très bien vue. Il ne faudrait pas s’attarder là trop longtemps. On risquerait quelque pierre ou quelque coup de bâton. Nous jetons donc un rapide coup d’œil sur la vaste cour, dallée de marbre, au fond de laquelle s’élève la Mosquée Sainte. Au milieu de cette cour se dresse un très vieux et très gros arbre autour duquel piétinent de nombreux pigeons qui picorent et qui se dispersent en nuées volantes, quand un pas les dérange, jusqu’à ce qu’ils reviennent en tourbillonnant reprendre leur repas interrompu.

C’est par un chemin en pente assez rude que l’on gagne le cimetière d’Eyoub dont on aperçoit de loin les hauts cyprès de plus d’un point de la Corne d’Or. Il occupe le versant et le sommet d’une colline qu’il couvre de ses innombrables stèles funéraires, dont beaucoup consistent en une sorte de colonne, sommée d’un turban, et plus ou moins penchée ; d’autres sont en forme de tablettes, plantées droites dans le sol et couvertes d’inscriptions. Il y en a, de ces stèles, de très