Page:Régnier - Escales en Méditerranée.djvu/191

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En revenant au yacht, j’ai acheté à un paysan une petite tête de femme en terre cuite et je l’ai sentie tiédir, comme vivante, à la chaleur de ma main fermée.




Il fait une nuit merveilleuse, une nuit des Mille et une Nuits où le ciel, tout scintillant d’étoiles, semble attendre quelque prodige, une de ces nuits d’Orient où roulait sous le sabre la tête parfumée des Sultanes, où les pierreries étincelaient aux doigts voluptueux des Khalifes, où, dans la panse des jarres et les profondeurs des cavernes, les trésors s’éveillaient sous les regards curieux des voleurs ou à la lueur révélatrice des lampes furtives, une de ces nuits où Scheherazade contait ses histoires infinies que l’aube interrompait au point juste où allait s’éclaircir leur mystère et se laisser deviner leur énigme.

Il fait une nuit merveilleuse ; nous sommes étendus sur le pont du yacht où nous goûtons le magnifique silence nocturne auquel nul de nous ne songe à mêler de vaines paroles. Au fond de sa baie harmonieuse, Boudroum sommeille en sa paix heureuse. Au-dessus de l’eau sombre où miroitent des reflets d’étoiles le