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les murailles et la cathédrale de Famagouste. Nous sommes à Chypre.




Nous sommes descendus à terre. Sur le quai, personne. Les dalles sont brûlantes, chauffées par un soleil torride. Le goudron suinte aux jointures des barques. Pas un bruit. Nos semelles foulent une poussière craquante. Arrivés au pied des murailles leur hauteur massive nous domine brutalement. Devant nous, la poterne s’ouvre, voûtée. À l’entrée veille, ailé, le Lion de Saint-Marc. Sculpté dans la pierre, il fronce un mufle mutilé et il atteste par sa présence l’antique domination de Venise sur l’ancien Royaume franc des Lusignan. La poterne franchie, un vaste espace s’étend, coupé de vagues sentiers. Çà et là quelques masures ; des palmiers dressent leur fût que couronnent des palmes rigides. Là-bas, la cathédrale semble une épave échouée dans l’épaisse poussière que soulèvent nos pas. Nous voici devant le portail. La façade s’encadre de deux fortes tours. Pas de sculptures. Rien que la sévérité de la pierre nue. Nous poussons une porte disjointe. La nef a été passée à la chaux. Plus de vitraux aux fenêtres. Prisonnière en son enceinte cré-