Page:Régnier - Escales en Méditerranée.djvu/203

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Un petit chemin de fer, à travers des plaines bien cultivées, nous mène à Nicosie, capitale de l’île de Chypre. Comme Famagouste, Nicosie n’est pas une ville morte. Elle nous apparaît, au contraire, bien vivante dans l’animation d’un marché que surveillent de corrects policemen anglais, casqués de blanc. Si nous voulions passer la nuit à Nicosie, il y a un hôtel fort convenable où nous déjeunons, mais que ferions-nous de longues heures à Nicosie quand nous aurons visité sa cathédrale ? Elle est du même style que celle de Famagouste avec sa façade nue et ses trois portails. Pour y pénétrer nous dérangeons des groupes d’oisifs assis, à l’ombre, et qui laissent paresseusement couler le temps à l’orientale en regardant s’envoler la fumée de leurs cigarettes. Nous en avons acheté quelques boîtes à la Manufacture. Le tabac s’y amoncelle en blondes montagnes odorantes dont les pentes sont douces au toucher comme des chevelures de femmes endormies.




Nous avons repris la mer et nous faisons route pour Beyrouth. J’ai dormi sans rêves. Othello, le More jaloux, ne m’est pas apparu dans mon sommeil. Je n’ai pas entendu le cri