Page:Régnier - Escales en Méditerranée.djvu/21

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y accueille-t-elle donc l’appel désespéré des âmes ? Heureux ceux qui sentent là un appui à leur faiblesse, une consolation à leurs peines, un remède à leurs misères ! Heureux ceux qui sentent là une présence divine et maternelle !

Quand je suis sorti de l’église, un clair et chaud soleil brillait et pénétrait l’air qui avait perdu sa tiède moiteur. J’avais à mes pieds la vaste ville et autour de moi un vaste horizon, sur divers points duquel un vieil homme, moyennant une faible redevance, braquait sa lunette. Dans son disque grossissant on distinguait les sommets lointains des Alpes, mais ce n’était pas vers leurs neiges devinées que se portaient mes regards. Ce qui les attirait, c’était la large et puissante coulée du Rhône, qui, venu des glaciers alpestres, précipitait vers la mer sa course fluide. Bientôt j’allais le suivre et descendre avec lui vers la lumière. Déjà Lyon s’effaçait de ma pensée. La jeunesse a en elle on ne sait quoi d’avide qui s’attache moins au présent qu’elle ne devance l’avenir.

Cependant je ne fus pas insensible au plaisir de l’instant que je vivais. Le beau soleil d’un midi de septembre réjouissait mes yeux et exaltait mon sang. Le chemin que j’avais pris pour regagner Lyon zigzaguait en lacets au flanc de la colline. Des haies le bordaient