Page:Régnier - Escales en Méditerranée.djvu/233

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byle. Elle était vêtue d’une chemisette de gaze pailletée, à travers laquelle on distinguait sa peau obscure et lisse et que recouvrait une courte veste brodée. Un large pantalon de mousseline bouffait autour de ses chevilles. Elle s’approcha du divan en faisant claquer à ses talons ses babouches de cuir jaunes puis, sans façon, elle s’assit. Je voyais ainsi de tout près son visage sombre et fardé, ses yeux éclatants, son nez aux narines larges, son sourire humide et charnu où luisait la blancheur des dents. Elle riait en agitant les grandes boucles qui pendaient à ses oreilles et en faisant tinter les bracelets qui cerclaient ses poignets, tandis que Hassan faisait gronder de plus belle son tambourin et que nous dégustions le café des petites tasses filigranées…

Ce fut tout. La jeune Kabyle Aïssa a dû nous trouver bien cérémonieux. Aussi, quand nous partîmes, m’étant retourné, je vis la jolie moricaude, pelotonnée boudeusement au milieu des coussins, me faire une grimace de mépris dans le miroir de poche où elle regardait avec complaisance son petit visage cynique et fardé.




Nous sommes réunis sur le pont du Velleda pendant que, par l’échelle, les matelots des-