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ses maisons. L’enceinte des vieux murs romains l’entoure et l’abrite. On en distingue les hautes portes qui ressemblent à des arcs de triomphe. Nous avons erré longtemps au hasard dans cette singulière petite cité marine qui sera notre dernière escale avant Venise.




La courte et rude houle de l’Adriatique a fortement secoué le Nirvana. Vers l’aube, le roulis s’est un peu apaisé et je suis monté sur le pont. La mer verdâtre se hérissait de petites vagues. Un vent vif et presque aigu soufflait, chassant des brumes et des vapeurs déchirées, dans la lumière terne et triste du jour naissant. Bientôt apparut une côte basse dont nous nous rapprochâmes peu à peu. Cette côte c’était le Lido vénitien, ses plages, ses murazzi derrière lesquels s’étendait la Lagune. Nous allions y pénétrer par la Passe de Malamocco.

Maintenant le yacht naviguait lentement sur une eau unie et suivait avec précaution un chenal balisé de gros pali. Le vent était tombé ; une brume légère, finement grise, voilait l’espace. Nous étions comme entourés d’une douceur silencieuse. Une île apparut, puis une autre, puis soudain, du ras de l’eau, montè-