Page:Régnier - Escales en Méditerranée.djvu/43

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

se taisent. Silence. Parfois un craquement de boiserie et, sur le pont, le passage d’un pas si léger, si souple qu’on dirait le pas d’un pied nu.




Il faut dormir. On n’appareille que demain vers cinq heures. Je pense à ce yacht blanc que j’ai vu, il y a quinze ans, s’en aller vers la haute mer et que je suivais des yeux avec tant d’envie !




J’ai passé une partie de la matinée et l’après-midi à faire dans Marseille divers achats, de ces achats du dernier moment où, avant d’entreprendre un long voyage, on répare les oublis qu’a causés la fièvre du départ. Matinée et méridienne brûlantes, en ce Marseille de plein été où la lumière est éclatante sous un ciel durement bleu, en ce Marseille qui sent l’ail et la marée, en ce Marseille, comptoir de la Méditerranée et Porte de l’Orient, de cet Orient vers lequel je vais voguer d’escale en escale pendant de longues semaines, dans le bonheur ébloui d’un long désir enfin réalisé. Cette attente m’empêche de retrouver dans le Marseille d’aujourd’hui les impressions dues au Marseille de ma ving-