Page:Régnier - Escales en Méditerranée.djvu/65

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si bien que, du point en contre-bas où nous nous trouvons, les temples ont disparu. Devant nous s’élève une crête herbue vers laquelle nous nous dirigeons sous un soleil brûlant.

La marche est pénible sur ce terrain broussailleux. Il y pousse toutes sortes de plantes, entremêlées de ronces piquantes où bourdonne un concert d’insectes, ivres de chaleur et de soleil. Assez proches, mais sans aucun sentier pour parvenir jusqu’à eux, les temples ont reparu et se dressent en leur beauté harmonieuse et puissante. Nous avançons sur un sol inégal d’où s’exhale une chaude odeur marécageuse. La fièvre doit rôder dans cet air immobile et ardemment silencieux. Bientôt nous rencontrons des pierrailles éparses, des fragments de marbre, provenant de l’enceinte qui entourait l’antique Poseidonia, en grande partie intacte encore où nous distinguons l’emplacement d’une porte. Celle-là, opposée à la Porte de la Sirène, c’est la Porte de la Mer. Les deux autres s’appelaient la Porte de la Justice et la Porte Dorée. De cette Porte de la Mer part la trace d’une chaussée. Sur la gauche on aperçoit le temple de Cérès, sur la droite la Basilique et le temple de Neptune.

Nous sommes allés tour à tour vers chacun d’eux. J’ai revu avec une grave émotion leurs