Page:Régnier - Escales en Méditerranée.djvu/81

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vieux landau délabré, attelé de deux maigres chevaux nous y conduira. Sur le siège nous laissons grimper par complaisance une espèce de guide qu’il nous a été impossible de congédier, car il ne sait pas un mot de français. Il a, d’ailleurs, une figure patibulaire, d’un aspect famélique. Comment empêcher ce pauvre diable de Sicilien de gagner quelques lires en ne nous servant à rien ? La voiture gravit une route pierreuse, à travers une région dénudée. De la mer, cette côte de Sicile se montrait à nous en sa rude pauvreté. De hautes falaises jaunâtres plongeaient leur base dans le flot d’un bleu dur. Terre et rocher sont d’une teinte sulfureuse. Le soufre est, en effet, le principal produit du pays. De temps à autre le guide improvisé se retourne et nous adresse quelques mots incompréhensibles. Au loin Girgenti se hausse sur sa roche escarpée. La campagne que nous traversons est à peu près déserte. Nous n’y rencontrons que quelques troupeaux de chèvres blanches, conduites par des chevriers de mines plus farouches qu’idylliques. Enfin, voici la vieille enceinte de la ville où sont les temples.

Des sept temples d’Agrigente, le temple de Cérès, le temple d’Hercule, le temple de Jupiter, le temple de Castor et Pollux, le temple d’Esculape, le temple de la Concorde, le tem-