Page:Régnier - Escales en Méditerranée.djvu/87

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dresse toujours ses robustes remparts et elle a gardé sa rude mine de guerrière. Dans la grande rue de La Valette les « auberges » sont toujours debout, comme lorsqu’elles servaient de logis aux Chevaliers qui y prenaient leur gîte avant leur embarquement ou au retour de quelque belle caravane, car ce n’était pas un jeu que d’être Chevalier de Malte. Auberge de France, auberge d’Espagne, auberge d’Allemagne, elles alignent encore leurs façades de palais-casernes qui furent aussi des couvents mi-militaires, mi-religieux. Auberges de moines et de soldats, elles ont perdu leur ancienne destination. Celle-ci est la résidence du gouverneur de l’île, celle-là est un club, mais la Cathédrale de La Valette, elle, a conservé son caractère. Elle appartient encore au vieil Ordre souverain, non en fait, mais par la présence des tombeaux de ses grands maîtres. En des sépultures pompeuses ou graves, ils reposent dans leur paix armée. Au marbre ou au bronze sont gravées leurs épitaphes et façonnées leurs effigies. Leur mémoire s’y perpétue de trophées, d’allégories et de blasons.

On trouve à La Valette d’amusantes petites voitures, couvertes d’un toit de toile, avec des rideaux que l’on ouvre ou ferme à volonté et dont les chevaux vifs et nerveux grimpent allègrement la pente roide qui conduit du port