Page:Régnier - L’Amphisbène, 1912.djvu/288

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M. Subagny ne ressemblait pas du tout à un antique, tandis que lui, Gernon, attirait l’attention des mamans au parloir par l’exquise fraîcheur de son teint.


25 juin. En mer. — Enfin ! je lui ai parlé ! Elle sait maintenant mon amour ! Ce fut hier. Après nous être promenés, l’après midi, dans Palerme avec nos compagnons de voyage, nous les avons quittés, Mme de Lérins et moi, pour monter jusqu’à Monreale. Pendant qu’ils retournaient au yacht nous avons pris une voiture pour faire cette course hors de la ville. On traverse d’abord un long faubourg populeux, sans grand caractère, où des polissons en guenilles nous saluent de leurs cris et de leurs gambades ; puis bientôt la route commence à s’élever en lacets. De belles verdures, de frais jardins la bordent, des villas pittoresques et baroques. Çà et là, le long du chemin, des fontaines coulent en des bassins d’un curieux style rococo. L’air est doux et tiède, un air un peu las, un peu langoureux, un air de fin de belle journée, tout chargé d’un parfum d’orangers en fleurs. Je regarde Mme de Lérins assise à mon côté. Une brise légère agite faiblement le voile de gaze qui entoure son chapeau de grosse paille bise. Elle est très gaie aujourd’hui. Elle plaisante et rit, s’amuse de la cour comique que fait Gernon à Mme Bruvannes. C’est ainsi que nous atteignons Monreale. La route