Page:Régnier - L’Illusion héroïque de Tito Bassi, 1917.djvu/62

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

cette vue, mon père pousse un affreux jurement, le seul que je lui aie entendu proférer, et, prenant le même chemin, se précipite à la suite de ma mère sans que personne ait eu le temps de le retenir.

Je me suis souvent demandé plus tard ce qui s’était passé dans l’esprit de ma mère. Fut-elle le jouet de quelqu’une de ses fantasmagories familières ? Se crut-elle, par vertu magique, transformée en quelque fée salamandre, à l’épreuve de la flamme, ou plutôt, par un ressouvenir subit de son ancienne condition, retrouva-t-elle soudain les habitudes d’obéissance qui lui avaient fait, pendant des années, prévenir jusqu’aux désirs de la Comtesse ? Je l’ignore, mais ce que je sais, c’est que je demeurai stupide et anéanti, partageant l’angoisse de la foule pour les deux insensés qui se hasardaient ainsi dans ce palais brûlant, devant lequel je fermais les yeux d’épouvante.