Page:Régnier - La Canne de jaspe, 1897.djvu/101

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Rien n’avait changé depuis le jour où M. d’Amercœur visita la vieille ville. Le même aspect confirmait la durée des mêmes habitudes. Le claquement des fouets se mêlait encore au tintement des chapelets, les cloches des couvents échangeaient leurs sonneries comme au temps où M. d’Amercœur, le bâton à la main, les pieds nus dans les sandales, le froc aux épaules, vint heurter à la porte du monastère. Il demanda le prieur qui se trouvait alors Dom Ricard. On me montra sa tombe mitrée parmi les sépultures anonymes qui l’entourent. Il avait conservé de puissantes liaisons avec le monde d’où il s’était retiré, y gardant une main pour les aumônes et la prêtant, au besoin, en échange, aux délicates entremises qu’on sollicitait de sa prudence et de sa sagesse. M. d’Amercœur lui expliqua son costume, les motifs de sa venue et le détail de sa mission.

Après vingt ans de hauts services dans les armées, un gentilhomme du pays, M. d’Heurteleure revint s’y fixer. Il y épousa, peu après, Mademoiselle de Callistie. C’était une fille pauvre, de bonne lignée et d’une grande beauté. Les époux vécurent à l’hôtel d’Heurteleure. Les nobles de