Page:Régnier - La Canne de jaspe, 1897.djvu/140

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nonchalamment aux sphinx de marbre ou caresser l’écaille cambrée des dauphins de porphyre. L’écho ne répéta jamais rien en le faussant de ce que les deux amis se dirent à demi-voix. Leur concorde appariait leurs différences. Un jour ils suivirent une des allées d’eau jusques à cette fontaine où souriait une statue singulière. Hermas y vit un songe ; Hermotime y supposa un symbole ; ils revinrent sans parler, car le crépuscule déclinait déjà et les eaux, s’étant tues, invitaient au silence.

D’habitude Hermotime racontait volontiers à Hermas, avec ses pensées, le détail de ce qui les lui avait suggérées. Il en discourait ingénieusement avec des divisions d’école. Sa jeunesse la fréquenta. Le plus souvent, il portait sous son bras, par manie ou par allusion, un livre fermé. Aussi se dissertait-il mieux qu’il ne se fût rêvé à l’improviste et son éloquence produisait plus d’agrément que de surprise.

Les voyages l’avaient conduit en des lieux singuliers ou du moins qui le semblaient à Hermas, à cause de leurs noms sonores ou langoureux. Il y avait connu des hommes illustres et sages. Hermas le poussait peu aux