Page:Régnier - La Canne de jaspe, 1897.djvu/151

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distrayait moins. Trois ormeaux solitaires y conversaient longuement du murmure confidentiel de leurs feuillages, juste en face de la fenêtre d’Hertulie qui, étendue dans son fauteuil, les regardait se balancer. Le soir on les entendait frémir doucement, un à un, ou parfois, tous trois ensemble.

Les nuits où elle ne dormait pas lui paraissaient interminables. Elle relisait pour s’occuper la lettre d’Hermotime et tâchait d’en bien pénétrer le sens, car elle s’imaginait avec peine cette sagesse dont il parlait comme d’un bien nécessaire et difficile. Quoi qu’il dît des misères de l’amour, elle en sentait le vif instinct sans comprendre qu’on en subordonnât la jouissance à des précautions si mystérieuses. Sa simplicité d’amoureuse le rêvait plus naturel et moins initiatique. Ah ! Hermotime, Hermotime, pensait-elle, au retour auras-tu les yeux plus beaux ; tes cheveux lisses et un peu longs seront-ils d’un pli plus gracieux ? C’était là toute sa sagesse et, bien qu’elle sût qu’il reviendrait, l’anxiété de ce retour la laissait involontairement désespérée.

Les jours passaient : à mesure elle les marquait, sur son calendrier ; les petites croix