Page:Régnier - La Canne de jaspe, 1897.djvu/169

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la couleur de nos yeux où se nuance la beauté des choses. On cherche trop loin. Ton âme scrupuleuse, didactique et formaliste voulut aller jusqu’au bout de son erreur. L’amour est l’hôte de la sagesse, disais-tu, mais tu la cherchais où ne paradait que la simagrée de sa présence. La douleur te montra la fausseté des doctrines ; que peuvent-elles pour nous guérir ?

J’ai compris l’envoi de la flèche messagère : faite de plume et d’acier, elle allège en nous ce qui peut s’envoler, elle tue ce qui doit y mourir. Le poignard nu signifiait déjà ton mortel désir d’être un autre homme, et la gourde voulait dire ta soif de te connaître au miroir emblématique où l’on s’apparaît au delà de soi-même ; mais, quand j’ai reçu la clef fatidique, j’ai deviné qu’elle t’ouvrait l’accès de ton Destin, et l’épi mûr, ô Hermotime ! te représente à mes yeux.

Tout cela est beau. L’amour te donna l’instinct de conformer ton âme à la beauté du sentiment dont, avec les maux qu’il comporte, tu concevais l’accueil qu’il mérite. Tu voulus parer ton âme pour son triomphe et désarmer ta victoire et, en donnant l’amour à la sagesse, donner la sagesse à l’amour. Tu as vu que c’était en toi