Page:Régnier - La Canne de jaspe, 1897.djvu/231

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les hautes lances des cavaliers qui marchaient à travers le populaire, le repoussant en haie et le refoulant vers la place qu’il encombrait déjà, car les bonnes gens aiment le faste et celui-ci, guerrier et nuptial, avait provoqué leur concours et excitait leur curiosité. Aussi se pressaient-ils autour de l’escorte qui entourait la mystérieuse litière d’où sortit l’étrange fiancée. Ils en furent d’abord stupéfaits et crurent à quelque sacrilège fantaisie de l’audacieux suzerain : mais comme ils étaient, pour la plupart, d’âme naïve, et qu’ils avaient vu, maintes fois, peintes sur des vitraux et sculptées aux porches, des figures qui ressemblaient à celle-là : Eve, Agnès et Vierges martyres, douces ainsi qu’elle de leur corps et embellies aussi de doux yeux et de longues chevelures, leur étonnement se changea en admiration à penser que quelque céleste bienveillance envoyait cette Enfant miraculeuse pour réduire l’incoercible orgueil et la cruauté du Pécheur.

Côte à côte, elle et lui, s’avançaient dans l’Eglise que j’avais visitée tout à l’heure, si paisible en son crépuscule méditatif. La nef en était alors parfumée et illuminée de cierges et