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LE HEURTOIR VIVANT
A ANDRE LEBUY

Je suis né et j’ai grandi dans cette maison. Rien n’y a changé depuis les temps les plus anciens de ma mémoire : toujours ces vastes chambres et ces spacieuses salles, ces mêmes recoins bizarres, toute cette singulière complication de vestibules, de corridors et de paliers en labyrinthe dans une architecture solide, derrière la longue façade de pierre grise qui ouvre sur la place l’indifférence miroitante de ses fenêtres et le clignement minutieux de ses lucarnes. Au rez-de-chaussée voûté et dallé se superposent les deux étages inégaux, le premier avec ses plafonds à voussures, le second avec ses mansardes.

C’est là où je suis né et où j’ai vécu. La curiosité de mon enfance et les désirs de ma jeunesse s’y promenèrent pas à pas. J’ai gravi