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ARÉTHUSE

 
Nous allâmes, sans plus nous parler, côte à côte,
Devenus tout à coup étrangers l’un à l’autre,
Et quand le bois finit enfin, ce fut la Mer !
Et j’écoutais, du fond de l’horizon désert,
Debout et les pieds nus lavés d’écumes vaines,
Le chant intérieur des antiques Sirènes ;
Tandis que toi, silencieuse, ô Déjanire,
Regardais, par-dessus l’épaule, sans rien dire,
Galopant sur la grève et s’ébrouant aux flots
Qui mouillaient leurs poitrails et fouaillaient leurs galops,
Sur le sable marin et les galets sonores,
Ruer la Centauresse et hennir les Centaures.