Page:Régnier - Les Médailles d’argile, 1903.djvu/123

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Comme une étrange, brusque et furieuse aurore,
Brûle, sur le bûcher dont, elle semble éclore,
Le Héros aux bras durs dont les rudes travaux,
Douze fois achevés et douze fois nouveaux,
Par la force invincible et l’incessante épreuve,
Ont nettoyé l’étable en détournant le fleuve
Et rassuré la terre, heureuse enfin de voir
Vaincus, l’écume aux crocs et la bave au boutoir,
La bête d’Érymanthe et le chien de l’Érèbe.

O voyageurs, pleurez ; pleure, homme de la glèbe ;
Prends ta fronde, berger ; pâtre, saisis l’épieu !
Regrette le héros que ne vaut pas le Dieu ;
Verrouille le bercail et ferme l’écurie ;
L’époque monstrueuse et l’antique furie
Vont renaître et rôder autour de ton repos.
Car lorsque le brasier s’écroula sur les os
A peine consumés du divin Belluaire,
A travers la lueur fauve qui les éclaire,
J’ai vu les monstres noirs vaguement s’ébaucher,
Fantômes de la flamme et larves du bûcher
Qui, frappés du talon, du poing et de la flèche
Jadis, dans le marais, la caverne ou la crèche,
Entaille au ventre, plaie au flanc, blessure au cou,
Redressent leur colère ou dardent leur courroux
Ou, battant du sabot les brandons et la braise,