Page:Régnier - Les Médailles d’argile, 1903.djvu/125

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S’éveille. Les Chevaux carnassiers semblent mordre
Une proie Invisible et par lambeaux la tordre ;
Et la flamme, auprès d’eux, pique de l’aiguillon
Les vaches de Cacus, les bœufs de Géryon ;
Et le Taureau crétois qui meugle et les bouscule
De sa corne tordue entre les mains d’Hercule,
Et stupide, étourdi, s’arrête, et frémissant
Hérisse avec fureur son cuir incandescent
Pourchasser, de l’échine aux naseaux qu’il harcèle,
Le vol vertigineux d’un essaim d’étincelles,
Et voici, des deux mains, pour en mieux arracher
La flèche qu’y fixa l’irrésistible Archer,
Nessus qui, cabré droit dans sa douleur hennie,
Presse son fourbe flanc d’où coule la sanie ;
Et, près de lui, la harde impétueuse dont
Les fleuves ont vu fuir, Pénée ou Thermodon,
Et la charge guerrière et le galop sonore,
Et qui, rude Amazone ou musculeux Centaure,
Croupe écumante, crins au vent, poitrail qui sue,
Cambrent leurs reins encor brisés par la massue.

Et tous, dans la rougeur qui décroît peu à peu,
Renaissent tour à tour de la cendre du Dieu.
Le bûcher qui s’éteint à jamais les libère !
Et l’horrible troupeau pour infester la terre,
De dents, de crocs, de dards et de griffes armé,