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les médailles d’argile

LES FEUILLES


L’ombre qui se retire ou s’allonge, selon
L’heure du jour qui croît ou du jour qui décline,
Marque le cours du temps et la saison divine
Où l’aube est toujours claire et le soir toujours long.

Jusques en l’herbe grasse ou luit nu ton talon
Et nu le double fruit que ta gorge dessine,
Aucune branche lourde à ta bouche n’incline
Son fruit de pourpre douce et son fruit d’ambre blond.

Car l’arbre haut, nourri des racines au faîte
Par la terre féconde où rôde l’eau secrète,
Pousse en stérile jet son tronc âpre et vivant ;

Mais dans le tremblement des feuilles incertaines,
Entends sourdre, courir et ruisseler au vent
Le bruit aérien des sources souterraines.