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les médailles d’argile

LA PROMENEUSE


L’allée en doux circuits contourne pour tes pas
Le gazon vert où dort le bassin léthargique,
Et le soir fait grandir d’une ombre symétrique
Les ifs et les cyprès qui ne s’effeuillent pas.

L’avare buis, toujours méticuleux et ras,
Aux parterres égaux que sa bordure étrique,
Est propre à te conduire au rêve méthodique
Que tu suis en marchant et qui te parle bas.

Mais une âme perplexe, indécise et légère,
Sur ta bouche s’attriste ou sourit passagère,
Selon l’odeur du vent ou le parfum du soir.

Et je n’ai pu régler l’inégale fontaine
Dont le double soupir suffit pour t’émouvoir,
Inquiète souvent et toujours incertaine.