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à travers l’an


Et tu verras saigner les feuilles et les roses ;
L’aurore d’où tu viens mène au soir où tu vas.
Reste à l’âtre fidèle où la paix est éclose,
Ferme la porte lourde et ne la rouvre pas.

Car si tu le redescends de la colline claire
Où t’a mené ta vie en chantant au matin,
Tu trouveras bientôt, sournoise entre deux pierres,
La ronce qui se crispe et te mordra la main.

Et dans l’ombre mauvaise où rôdent les vents louches
Qui soufflent à la face et hurlent au talon,
Tu sentiras, avec leurs bouches à ta bouche,
L’aile d’un oiseau noir en griffes sur ton front.