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les passants du passé

TABLEAU DE BATAILLE


Il est botté de cuir et cuirassé d’airain,
Debout dans la fumée où flotte sur sa hanche
Le nœud où pend l’épée à son écharpe blanche ;
Son gantelet se crispe au geste de sa main.

Son pied s’appuie au tertre où, dans le noir terrain,
La grenade enflammée ouvre sa rouge tranche,
Et l’éclair du canon empourpre, rude et franche,
Sa face bourguignonne à perruque de crin.

Autour de lui, partout, confus et minuscule.
Le combat s’enchevêtre, hésite, fuit, s’accule,
Escarmouche, mêlée et tuerie et haut fait ;

Et le peintre naïf qui lui grandit la taille
Sans doute fut loué jadis pour avoir fait
Le héros à lui seul plus grand que la bataille.