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les médailles d’argile

LE SINGE


Avec son perroquet, sa chienne et sa négresse
Qui lui tend le peignoir et sèche l’eau du bain
À son corps qui, plus blanc sous cette noire main,
Cambre son torse souple où sa gorge se dresse,

Elle a fait peindre aussi, pour marquer sa tendresse,
Par humeur libertine ou caprice badin,
Le portrait naturel de son singe africain
Qui croque une muscade et se gratte la fesse.

Très grave, presque un homme et singe en tapinois,
Velu, glabre, attentif, il épluche sa noix
Et regarde alentour, assis sur son séant ;

Et sa face pelée et camuse où l’œil bouge
Ricane, se contracte et fronce en grimaçant
Son turban vert et jaune où tremble un plumet rouge.