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les passants du passé

LA DEMOISELLE


Le grand bonnet de tulle est doux aux cheveux gris ;
Le fichu blanc se croise et se noue à la taille.
Les cheveux furent blonds, dit-on, comme la paille ;
La bouche est jeune encor d’avoir souvent souri.

Elle a vécu loin de la Cour et de Paris
Et les petits neveux qui brillent à Versailles
Savent que dans son bas tricoté maille à maille
S’entassent les bons ors, de fleurs de lis fleuris.

Chaque année, au château, trois jours, au temps des chasses
Ils viennent, dorment bien, se mirent dans des glaces,
Baisent la maigre main sous la mitaine à pois,

Partent, et trouveront, au tiroir qui le cèle,
Un jour, un testament scellé — elle y a droit —
De l’écu losangé des vieilles demoiselles.