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L’ACCUEIL


Lorsque ton beau pied nu foula, divine Hélène,
Le rivage marin de la terre troyenne
D’où nous tendions les bras à Pâris de retour,
Un long cri de désir, de tendresse et d’amour
Monta dans l’air, du fond de nos rauques poitrines ;
Et chacun ressentit alors la peur divine
Et le grave frisson d’avoir vu la Beauté.
Ô Joie ! Et savions-nous la sombre vérité :
Que le souffle léger de tes lèvres charmantes
Gonflerait sur les mers à leur proue écumantes
La voile belliqueuse et pousserait vers nous
La colère des Rois outragés dans l’Époux ;
Que le noir éperon des nerfs mordrait le sable,
Où coulerait bientôt le sang intarissable ;
Que le clair tintement de l’or de tes colliers,
Hélène, précédait le choc des boucliers
Et que derrière toi grondait, hargneuse et forte,