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LA DOUBLE MAÎTRESSE

Lui-même, à son âge, Nicolas n’échappait pas complètement à la médecine maternelle. De temps à autre, on le voyait, de grand matin, vêtu d’une robe à ramages, les mains sur le ventre et à pas pressés, traverser les corridors et courir à la garde-robe.

Aux jours de purge, Mme de Galandot le tenait au château sans sortir, désœuvré et nez aux vitres, pendant que Julie se promenait seule aux jardins. Il profitait de ces retraites forcées pour écrire à l’abbé Hubertet. Mme de Galandot lisait la lettre, en commentait la teneur et le tour, et c’est en y joignant une feuille pour remercier l’abbé de certaines graines qu’il lui avait envoyées de Rome où il était encore avec M. de la Grangère, qu’elle terminait ainsi son message : « Quant à ma nièce Julie de Mausseuil, dont vous avez eu la bonté de vous informer, je ne trouve que peu à vous dire. C’est une petite personne assez médiocre et qui ne promet rien, encore qu’elle se montre plus réservée qu’on aurait pu s’y attendre. Mon fils, qui s’occupe de la débrouiller, m’assure qu’elle apprendra avec assez de facilité. D’ailleurs son séjour ici, pour cette fois, touche à sa fin. Dans une semaine au plus, M. de Fresnay viendra la prendre pour nous la ramener l’an prochain. »