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LA DOUBLE MAÎTRESSE

passant, cueillit à la treille quelques grappes de raisin.

Ils longèrent le parterre d’eau et passèrent sous les fenêtres de Mme de Galandot sans s’apercevoir que la vieille dame les regardait derrière la vitre. La porte de l’appartement était ouverte, Julie y jeta un coup d’œil à la dérobée. Sa tante dormait sur son fauteuil. Elle ronflait même, ce qui la fit rire.

La bibliothèque où ils entrèrent était, en effet, fraîche et sombre à cause des volets clos. Il y avait juste au milieu une grande table de marbre florentin où l’on voyait représentés en mosaïque des fleurs et des fruits. Julie posa ses grappes sur un des coins. Nicolas, tombé assis dans un fauteuil, ne disait rien et suivait des yeux Julie qui rôdait çà et là. Quand elle s’éloignait, il l’apercevait dans un demi-jour bleuâtre et velouté. Le bruit léger de ses pas le faisait tressaillir et il fermait les yeux doucement et longuement.

Julie s’était assise à l’un des angles de la table de mosaïque. Elle y promenait ses mains et parfois se penchait pour y appuyer ses lèvres chaudes. Puis elle s’y étendit de toute sa longueur et resta immobile dans un allongement voluptueux.

Brusquement elle se rassit. Ses doigts rapides palpèrent son corsage entr’ouvert qu’elle dégrafa complètement et, d’un mouvement coquet des épaules, elle se défit des manches courtes. Elle était en corset, le cou et la gorge nus, ses petits seins fermes, blancs et frais, à l’air.

Alors elle se coucha de nouveau. Soutenue sur