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V


Mlle Damberville habitait non loin de la Seine, du côté de Chaillot, presque aux champs. Elle avait là de grands jardins, avec des charmilles et des tonnelles et beaucoup de roses, car elle aimait que leur odeur se mêlât à l’air qu’elle respirait. Son goût pour les essences la fit, des premières, adopter la mode des vernis parfumés qui font sentir aux lambris le jasmin ou la violette. Elle était sensible à tout ce qui augmente le plaisir de vivre jusque dans les détails les plus particuliers. Elle voulait partout, autour d’elle, le luxe le plus ingénieux. Ses recherches faisaient loi. Aussi parla-t-on longtemps de la garde-robe qu’elle avait fait installer dans sa maison de Chaillot et dont la description courut les gazettes. Un siège de bois odoriférant, dans une niche de charmille peinte, offrait l’invention d’une cuvette à soupape, et des armoires vitrées contenaient un assortiment complet de porcelaines intimes.

M. de Portebize avait lu jadis cette description à MM. de Créange et d’Oriocourt, et les trois jeunes gens, au fond de leur province, s’étaient fort récriés sur tant de raffinement et de politesse,