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LA DOUBLE MAÎTRESSE

comprenais pas. Entre deux plaisirs, elle tira de ses cheveux une de leurs longues épingles à boule de jade et m’en piqua la joue en riant ; et je respirais l’odeur des roses effeuillées qui remplissaient de leurs pétales de grandes coupes de bronze et j’entendais au toit aigu de la tour de Porcelaine, sous la lune, dans le vent argenté, le tintement épars des clochettes aériennes. »

La conversation s’était séparée en colloques particuliers après le récit de M. de Parmesnil. Il parlait bas à Mlle Damberville à qui il complétait à l’oreille son aventure chinoise, de même que M. de Bercherolles, penché vers Mlle Varaucourt, ajoutait quelque détail à sa galanterie rustique. Les deux femmes écoutaient à demi. Mlle Varaucourt souriait dans le vide, droit devant elle, et Mlle Damberville, de ses doigts agiles, tambourinait des danses sur son assiette, tout en regardant à la dérobée, avec un intérêt croissant, M. de Portebize qui s’entretenait à voix basse avec l’abbé Hubertet. Le gros abbé paraissait fort attentif à ce que lui disait son voisin. Tantôt il hochait la tête ; tantôt il rengorgeait ses trois mentons d’un air approbateur. Il levait les yeux au plafond, puis les rabaissait sur son interlocuteur. M. de Portebize se tut. L’abbé but un grand verre de vin, s’essuya les lèvres du revers de sa main.

— « Certes, Monsieur, dit-il à M. de Portebize, le souci que vous montrez de la mémoire de votre