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LA DOUBLE MAÎTRESSE

voulait la Damberville, et les directeurs étaient incapables de la lui donner. Les spectateurs exigeaient que le nouveau ballet annoncé des Égarements champêtres remplaçât celui d’Ariane. Mlle Damberville y devait figurer Sylvie ; aussi sa présence était-elle indispensable.

Rien ne pouvait vaincre sa rébellion, ni les menaces, ni les amendes.

La chose en vint au point que l’opinion réclama le châtiment de l’opiniâtre, et on se décida pour la satisfaire d’enfermer la demoiselle Damberville au For-l’Evêque.

Ce fut un matin que, couchée avec M. de Porbize, Mlle Damberville entendit heurter à sa porte au nom du roi. Elle alla ouvrir elle-même en galant appareil. À l’exempt qui lui signifiait l’ordre de la suivre, M. de Portebize réveillé en sursaut voulut protester ; mais Mlle Damberville le fit taire et le força à se recoucher.

— « Monsieur n’a rien à voir là-dedans, dit-elle à l’homme de police ; quant à vous, monsieur l’Exempt, je vous attendais, mais je ne doute point que vous ne me donniez le temps de dire adieu à ce gentilhomme qui est là et d’ajouter à cette chemise où vous me voyez de quoi paraître aux yeux de vos gens et des miens. »

Lorsque l’exempt se fut retiré, Mlle Damberville éclata de rire au nez de M. de Portebize. Elle s’était assise au bord du lit et regardait la mine déconfite du jeune homme.

— « Eh bien ! mon cher amant, lui dit-elle, voilà donc où nous en sommes ! Je dois reconnaître que