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LA DOUBLE MAÎTRESSE

les antichambres ou les sacristies comme on y est libre d’errer à travers les ruines et les jardins.

M. de Galandot usait de cette seconde liberté. Aussi connut-il peu à peu Rome en son détail et sous ses aspects différents, sordide ou monumentale, capitolienne ou transtévérine, populaire ou ecclésiastique. Partout il se sentait fort à l’aise et y prenait pied chaque jour. Déjà même il s’y créait des habitudes. Il était dans sa nature qu’il s’en formât promptement en lui ; elles y trouvaient des points d’appui et, de même que sa montre, réglée à l’horloge de la Trinité-du-Mont, marquait l’heure à la française, ainsi, parmi tant de choses nouvelles, M. de Galandot vivait, si l’on peut dire, à la Galandot.

Il avait remarqué dans ses promenades, sur le penchant du Janicule, dans un quartier isolé, un petit palais inhabité et fort à sa convenance et qui portait l’écriteau. M. Dalfi, à qui il en parla, après d’habiles pourparlers, l’acheta à très bon compte, tout en y trouvant le sien, car il l’obtint des héritiers du défunt propriétaire pour un morceau de pain, et M. de Galandot ne se douta pas que le prix qu’il le paya à l’entremise du banquier fit empocher à l’adroit intermédiaire un de ces petits gains qu’il ne négligeait pas, quoique riche par toutes sortes d’affaires et par quarante ans de trafics fructueux. Au demeurant, ce M. Dalfi était la seule personne avec qui M. de Galandot entretînt quelque commerce. C’est chez lui qu’il allait chercher l’argent nécessaire à sa dépense. Dalfi était obséquieux et bavard. Dès l’arrivée de M. de