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IV


À la fin de la quatrième année de son séjour à Rome, M. de Galandot eut cinquante-cinq ans. On était en été et il faisait fort chaud. Le matin de cet anniversaire auquel, du reste, il n’avait guère pris garde, il se leva, comme de coutume, d’assez bonne heure. Il sortit. Il avait dans sa main une poignée d’olives sèches qu’il croquait en marchant et dont il laissait tomber les noyaux dans la poussière.

Rome entière somnolait sous une buée tiède qui n’était point de la vapeur, mais seulement une sorte de trouble de l’air. Les objets y apparaissaient mous de contours et durs de couleurs. L’amas épars de la ville semblait tassé. Les dômes gonflaient avec moins de force leurs carapaces de tuiles rougeâtres, les clochers semblaient s’élever moins haut et les campaniles fléchir. Les choses éprouvaient d’avance la fatigue de cette journée de chaleur. M. de Galandot se sentait las. Il s’arrêta, resta appuyé sur sa canne, les yeux à la vue de la grande ville, à son mélange de pierre fauve et de verdure sombre.