Page:Régnier Double maîtresse 1900.djvu/317

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Saint n’y mettait bon ordre. Deux cardinaux moururent à la peine. Les autres continuaient leur mystérieuse besogne. Enfermés dans les étroits logements du Vatican bâtis de planches dans la largeur et la hauteur des galeries et des salles, ils s’obstinaient. Les factions s’enchevêtraient, jusqu’au jour où, excédés, l’élection se fit par surprise. Lamparelli sortit de là, enragé et anéanti, et rentra chez lui la tête basse, à demi fou et incapable désormais d’aucune affaire.

Celles d’Olympia, par contre, prospéraient. Elle était suffisamment pourvue d’argent pour attendre l’occasion de quelque beau coup de filet. Outre les avantages en demeure et en espèces qu’elle avait tirés de Lamparelli, il lui restait la valeur permanente et réelle de son corps que sa jeunesse mûrie avait rendu d’une riche et savoureuse beauté. Elle était souple, ferme, assez grasse, le sein d’une belle forme, le ventre moelleux, la cuisse forte et la jambe fine. Cette beauté constituait une ressource vivante dont un usage bien entendu ne manquerait pas de lui valoir fortune. De plus, elle avait auprès d’elle, pour en régler l’emploi et le bien ménager, l’aide précieux, vigilant et avisé de l’incomparable Angiolino.

Il avait quitté le palais Lamparelli à la suite d’Olympia. Les premiers temps de leur nouvelle liberté furent une sorte de lune de miel ; ils la passèrent en grande partie au lit. Ils s’aimaient d’un amour vil et singulier, mélangé de camaraderie et de débauche, d’une sorte de basse et ardente tendresse où il y avait du jeu de polissons et de