Page:Régnier Double maîtresse 1900.djvu/331

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quer l’une ou l’autre. Alors le lever ne se terminait point sans quelques gifles qui faisaient pleurer Theresa, tandis que Mariuccia, furieuse, se frottait la fesse où rougissait la claque ou la piqûre d’aiguille dont son père avait hâté sa paresse.

Cozzoli était donc seul dans sa boutique lorsque M. de Galandot poussa la porte et entra. Cozzoli fut si surpris de cette visite matinale qu’il en leva les bras en l’air et les rabattit promptement pour cacher l’ouvrage auquel il travaillait. En effet, au lieu de couper ou de couturer quelque habit d’homme, Cozzoli était en train de coudre une petite robe de moire rouge.

Une calotte minuscule déjà achevée reposait sur la table auprès de lui. Cela semblait destiné à vêtir on ne sait quel cardinal nain et eût pu laisser croire que quelque pygmée venait d’être promu au chapeau et chargeait Cozzoli de lui confectionner sa garde-robe. Mais M. de Galandot paraissait si troublé qu’il ne s’aperçut guère du bizarre travail du tailleur et qu’ayant heurté, en entrant, un des mannequins d’essayage il le salua cérémonieusement, comme si c’eût été un personnage d’importance.

Une fois assis sur sa chaise accoutumée, M. de Galandot reprit un peu contenance. La pie familière quitta l’épaule de Cozzoli où elle était perchée et vint se poser sur la sienne. Cozzoli, de son côté, avait retrouvé toute sa supériorité. Juché sur sa table, il considérait de haut son visiteur matinal, attendant de lui quelque explication de sa visite inopinée, car, bien qu’il brûlât d’en savoir la