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II


Mme de Galandot fit grande figure de veuve et la maintint avec une rigueur exceptionnelle au-delà même du temps que prescrit l’usage. Elle le suivit et le dépassa.

Elle renonça à toute parure pour un vêtement uniforme qu’elle ne quitta plus. Elle referma pour toujours la cassette sur les bijoux dont son mari aimait à la voir ornée. Les riches robes qu’aux occasions elle sortait, pour lui plaire, des grandes armoires de chêne et des coffres à ferrures y restèrent désormais pendues ou pliées ; celles qui n’avaient point encore été taillées demeurèrent à la pièce.

Ce ne fut pas seulement à son vêtement que Mme de Galandot apporta un changement qui survécut aux circonstances et persista assez pour qu’on y pût voir un projet bien médité de vivre selon un plan nouveau. Peu après, elle réforma également autour d’elle tout ce qu’elle avait concédé à l’humeur du feu comte que, gourmand et vain, elle satisfit en ce double penchant, par une table bien fournie de mets et par une antichambre bien garnie en laquais.